Pour des sols vivants, STOP BÉTON maintenant!

A l’initiative du réseau Occupons le terrain, nous avons rejoint la campagne Stop Béton Maintenant qui a pour objectif de faire de l’aménagement du territoire un thème central des élections communales d’octobre!

Pour comprendre leur positionnement sur des thèmes tels que l’aménagement du territoire, le logement, la préservation des terres agricoles ou encore la démocratie locale, nous avons interpellé les 4 partis politiques qui présentent une liste aux élections et leur avons soumis un questionnaire.

Vous trouverez leurs réponses en cliquant sur leur logo:

Ce qu’on en pense

Disons-le tout de go, il faut constater positivement le fait que les 4 grands partis qui se présentent aux élections communales à Braine se soient pliés à l’exercice démocratique d’un questionnaire précis sur leurs engagements. Mais disons-le tout aussi franchement, c’est aussi avec un grand scepticisme quant à leur volonté/capacité réelle de les appliquer !

D’abord parce que, si la plupart des partis ont répondu positivement à une très grande partie des questions posées (et à toutes celles sur la démocratie, la protection de la biodiversité, des terres agricoles et des espaces verts, le logement), on constate néanmoins que leurs commentaires introduisent parfois des bémols ou des « oui, mais… » qui n’augurent rien de bon.

C’est d’autant plus le cas concernant les partis de la majorité actuelle (MR-PS). Le passé éclairant souvent l’avenir, on peut souligner que leur bilan, après 15 années au pouvoir au moins, ne plaide pas vraiment, et c’est le moins qu’on puisse dire, pour une confiance aveugle. Au cours de ces 10 dernières années, on a ainsi bétonné à tout-va à Braine-le-Comte, et c’est loin d’être terminé au vu des chantiers en cours ou des projets à venir. Outre la destruction d’espace verts et la perte de biodiversité induits, c’est la collectivité qui paye deux fois : à la fois pour le développement de toutes ces nouvelles infrastructures (voiries, gaz, électricité, égouttage…) mais aussi pour leur entretien futur. Sans parler de l’explosion du prix d’achat des maisons (+60.000 euros en 4 ans1) et appartements (207.000 euros en moyenne en 2023, soit + 60 % en 10 ans)2 !

En 10 ans, la population de Braine a augmenté de près de 10 %, le taux le plus élevé de la région du Centre (3), mais cela ne s’est pas accompagné d’une augmentation suffisante du personnel et des services publics communaux. Au contraire : ces derniers ont parfois été rabotés (le service travaux est passé de 90 ouvriers il y a 15 ans à plus ou moins 30 aujourd’hui et ceux affectés aux 250km de voirie sont moins d’une dizaine !), voire supprimés (l’école de Petit-Roeulx) ou privatisés (collecte des déchets, stationnement), avec l’augmentation des coûts et la diminution de la qualité du service pour le citoyen qui accompagne toujours ces politiques néolibérales.

Concernant le logement, MR-PS se disent favorables « à 100 % » pour lutter contre les logements inoccupés, mais quel est leur bilan ? Combien de propriétaires ont-ils été sanctionnés au cours de la législature précédente ? Combien de logements ont-ils été remis à disposition ? Et comment éviter de qualifier d’hypocrite l’affirmation du MR qui se dit favorable à atteindre « rapidement » le taux de 10 % de logements publics alors qu’il est d’à peine 3,5 % à Braine le Comte, l’un des plus faibles de toute la région du Centre3 ! La majorité MR-PS se targue de la construction toute récente de 32 logements publics, mais cela est nettement insuffisant face aux centaines de ménages qui sont en attente d’un logement social4.

Stop béton : Contradiction ?
Dans leurs commentaires aux réponses, MR et PS s’amusent ici ou là à pointer une contradiction inexistante entre notre revendication du « Stop béton ! » ou du moratoire sur les nouveaux permis de construction d’une part et l’importance que nous accordons à une offre plus importante de logements publics ou de services (crèches). Comme l’indique explicitement et implicitement le questionnaire, nous parlons de densifier sur des terres déjà artificialisées et de rénover, réaffecter ou utiliser au maximum et plus intelligemment le bâti déjà existant pour répondre à ces besoins. Il ne s’agit donc non pas d’arrêter de poser la moindre brique !

Concernant la question sur l’expropriation de la parcelle du terrain Albecq appartenant à Sotraba, le PS est contre car cela ne serait « pas justifié » et « pourrait créer un précédent » (le Parti Socialiste aurait-il peur du… socialisme ?). Ensemble s’y oppose au nom du « respect de la propriété privée » (respect qui semble par ailleurs se dissoudre magiquement lorsqu’il s’agit d’exproprier des maisons ou des terres agricoles pour agrandir un aéroport ou faire passer une autoroute…) Quant au MR, – ô surprise ! – il serait carrément chaud boulette (« l’envie y est » !)… mais « la capacité de le faire est loin d’être acquise ». Indiquons qu’il est pourtant possible de réaliser une expropriation sans indemnisation, et donc sans grever le budget communal5.

MR, PS et Ensemble se déclarent tous de fervents partisans de la préservation des espaces verts, de la limitation des constructions, de la protection de la biodiversité et de l’amélioration du cadre de vie, mais tous sont pourtant farouchement opposés à notre revendication centrale, à savoir un moratoire sur toute demande de permis impliquant l’artificialisation de terres agricoles, de forêts ou d’espaces verts. N’y a-t-il pas là une sérieuse contradiction ? Pour le PS cela ne serait « pas réaliste ». Pour le MR, c’est une « promesse irréalisable ». Pour Ensemble, c’est « dogmatique »… Irréalisable ? Or, même si tout n’est pas parfait, à Liège, le bourgmestre a exprimé la volonté du Collège communal de ne plus autoriser à l’avenir l’urbanisation de terrains qui n’ont jamais été bâtis. À Waremme, en 2023, la commune a gelé les demandes de permis pour de nouveaux lotissements6.

Révisionnisme historique…
 Dans ses commentaires le MR se permet de réécrire l’histoire concernant le Jardin Albecq : « Nous avons décidé de ne pas construire sur l’autre partie du terrain » (l’ex-parcelle du CPAS), écrit-il, s’arrogeant ainsi les lauriers du fait qu’elle sera aménagée en parc public. Rappelons que l’objectif initial de la Ville était pourtant bien de vendre ce terrain à un promoteur tel que Sotraba, mais que ce dernier s’est désisté « vu l’opposition du Collectif (Jardin Albecq) » (dixit le porte-parole de Sotraba himself) (1). Avec le retrait des Sotraba, aucun autre promoteur n’aurait acheté un terrain aussi enclavé et « contesté », c’est donc forcée et contrainte par notre mobilisation que la majorité communale a fini par opter pour un parc public. Telle est la vérité historique.

Quant aux partis d’opposition (Ensemble et Ecolo, ce dernier ayant répondu positivement et presque sans réserves à toutes nos questions), s’ils ne portent évidement pas le même bilan que la majorité MR-PS, ils ont néanmoins parfois voté avec la majorité en faveur de certaines mesures contradictoires avec leurs engagements actuels. Et on peut surtout s’interroger sur l’avenir : au cas où ils feraient éventuellement partie d’une majorité communale alternative, combien d’eau mettront-ils dans leur vin pour participer au pouvoir ? Avec quelles « lignes rouges » ?

Chacun et chacune se fera sa propre opinion en prenant connaissance des réponses et des commentaires des 4 partis à notre questionnaire. Quant à nous, on l’aura compris, nous sommes plus que dubitatifs sur leur volonté réelle d’appliquer sérieusement leurs engagements dans ces domaines. Ce sera donc surtout à vous, citoyennes et citoyens de Braine-le-Comte, de vous organiser dans vos quartiers, de vous mobiliser et de lutter partout et toujours pour notre droit à un logement accessible, à la préservation de nos terres agricoles, de nos cadres de vie, de la biodiversité et des espaces verts !

  1. La Nouvelle Gazette, 22/12/2021 ↩︎
  2. La Nouvelle Gazette, 11/05/2024 ↩︎
  3. La Nouvelle Gazette, 04/07/2024 ↩︎
  4. La Nouvelle Gazette, 09/04/2017 ↩︎
  5. Voir La Lettre de la Conférence Permanente du Développement Territorial (CPDT) n° 58, janvier 2022, p. 5 ↩︎
  6. La Dernière Heure, 12/07/2023 ↩︎